C’est en utilisant en classe des vidéos du site Gapminder [https://www.gapminder.org/] que l’idée m’est venue d’en faire réaliser le doublage par mes élèves de 2nde.
Courtes et très didactiques, centrées sur la présentation d’un phénomène bien identifiable, ces vidéos du Pr. Rosling, bien qu’en anglais (ou peut être un peu à cause de cela) sont des ressources pédagogiques de toute première qualité pour travailler sur les questions de démographie et de développement. Ce qui rentre exactement dans le champ du thème II de géographie de la classe de 2nde (et aussi de nombreux autres parties de programme de la sixième à la terminale).Elles sont enfin très utiles pour travailler la méthode de commentaire de document, en l’occurrence de graphique.
La première partie du travail a consisté, en classe, à visionner collectivement la vidéo retenue (Comment le revenu influe-t-il sur l’espérance de vie ?) en surmontant le 1er obstacle, celui de la langue, la classe n’étant pas, précisons-le, une classe de DNL. Un lexique des mots essentiels fourni aux élèves leur permet, ensemble, de comprendre très rapidement l’essentiel du commentaire (la vidéo ne dure qu’1’45’’) et donc de la situation présentée. Après avoir réactivé les notions d’espérance de vie et de revenu moyen, Les élèves comprennent et formalisent très vite le lien entre la richesse des pays et l’espérance de vie de leurs habitants.
Ils prennent également conscience des importances relatives des populations du monde, de la très grande diversité des situations, des inégalités à l’échelle mondiale, de la place de la France sur le graphique... l’étude ouvre aussi sur des questions qui devront être résolues ultérieurement par l’appel à d’autres documents.
La phase suivante permet d’utiliser l’activité un peu plus en profondeur en lui ajoutant une dimension supplémentaire : le passage d’un langage à un autre.
La proposition de base qui est faite aux élèves, est d’enregistrer, en français, le commentaire audio de la vidéo en respectant le rythme des images. La vidéo dure 1’45, l’audio doit durer 1’45 et pouvoir être écouté en regardant la vidéo. L’objectif est triple : présenter un graphique, c’est s’approprier les connaissances qu’il présente et la méthode d’étude de ce type de document. Le faire à l’oral, c’est ajouter un 3ème objectif qui est de s’entraîner à s’exprimer de manière fluide et compréhensible à l’oral.
Le doublage vidéo a plusieurs intérêts, mais le principal est sans doute d’obliger l’élève à moduler son flux de parole en fonction des images. Ce cadre très contraignant (essayez, vous verrez !) évite les débits très rapides qui sont la marque de bien des oraux au collège comme au lycée.
Sur le plan technique les élèves étaient invités à enregistrer leur commentaire au moyen de leur téléphone ou de l’enregistreur de l’ENT. Tous ont réalisé sans difficulté majeure l’activité. Le phénomène est globalement compris, le graphique est correctement présenté et l’oral est à peu près calé sur la vidéo (avec des variations cependant selon les élèves).
En terme de durée, l’activité n’est pas plus longue qu’une activité plus classique puisque la partie purement technique (enregistrement) qui ne pose pas de difficulté majeure à nos élèves (surtout si ce type de pratique est récurrent dans la classe) est réalisée à la maison durant la semaine en distanciel. Le travail de classe, en présence de l’enseignant, a consisté à bien la préparer sur le fond et sur la forme afin que les élèves n’aient plus, une fois seuls, qu’à enregistrer et transmettre leur production par mail ou via l’ENT.
L’évaluation finale, outre celle de l’audio produit par chaque élève, est le commentaire, écrit cette fois, d’un graphique très voisin, lui aussi issu du site Gapminder pour vérifier que les connaissances acquises ont bien été appropriées et peuvent être transférées à une autre situation.
Les élèves qui le souhaitaient pouvait aller plus loin et réaliser une activité bonus consistant à mixer son et image et à remplacer la bande son de la vidéo d’origine par la leur.
Deux techniques ont été utilisées par les quelques élèves qui s’y sont lancées : La première, très simple mais très efficace, consiste à filmer, avec le téléphone, l’écran de l’ordinateur pendant la lecture de la vidéo (son coupé bien sûr) et à enregistrer en même temps le doublage audio. La seconde technique réclame l’usage d’une application de montage (plusieurs existent) qui permet de supprimer la piste audio d’une vidéo et d’enregistrer le doublage en voix off en lieu et place de l’audio originel.
Dans tous les cas l’activité a mobilisé les élèves et leur a permis de mettre en oeuvre des compétences multiples tant sur le plan des connaissances que des méthodes et de la maîtrise des langages. Elle ne nécessite pas de matériel considérable ni de compétences techniques démesurées. Elle est à la portée de tous les élèves et permet néanmoins de différencier un peu en modulant le niveau d’exigence de la production finale. Et la démarche est bien sûr adaptable à de très nombreux supports dans des disciplines et des contextes très divers.
Pour visionner quelques exemples
Camille Daphné Elia
Contacter l’auteur : denis.sestier@ac-normandie.fr