Le plan de travail numérique en histoire-géographie Un outil qui favorise l’autonomie et la motivation


Le plan de travail est un outil conçu par Célestin Freinet. Ici, vous trouverez une proposition de mise en application de cet outil en s’appuyant sur le numérique. Il permet de favoriser la motivation, l’autonomie et facilite la différenciation. Il est appliqué avec l’ensemble des classes du collège Boieldieu en histoire-géographie.

Schéma synthétique du fonctionnement en plan de travail :
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Un outil qui favorise l’autonomie

Au début de chaque séquence, un plan de travail individuel est distribué aux élèves sur lequel on peut identifier tout ce qu’ils ont à faire durant les séances. Cet outil permet d’expliciter la construction du cours.

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Un exemple consultable en géographie :

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Lorsqu’une activité est terminée les élèves peuvent consulter la correction. A titre individuel, l’auto-correction permet à l’élève de se responsabiliser et de ne pas attendre que le professeur le corrige. A titre collectif, l’auto-correction permet à chaque élève d’avancer dans son parcours. De fait, si les corrections collectives permettent à tous les élèves d’en prendre connaissance au même moment, elles obligent les élèves qui travaillent vite et bien à attendre que tous les élèves terminent leur travail. De plus, d’autres élèves n’ont pas toujours terminé leur activité au moment de la reprise. Enfin, pendant ce temps de correction collective, trop peu d’élèves y participent.
L’auto-correction et, à une autre échelle, le plan de travail permettent au professeur de respecter davantage le rythme de chaque élève. Si un élève termine son activité avant les autres, il peut tout à fait poursuivre son plan de travail. A l’inverse, si un élève n’a pas terminé son activité, il a la possibilité de la terminer chez lui ou en devoirs-faits.

Un outil qui favorise la motivation

Le plan de travail permet à l’élève d’être acteur dans son apprentissage, ce qui favorise sa motivation. Les élèves ont le choix dans l’ordre des ateliers (ou blocs) notamment pour des chapitres thématiques (Exemple : Les conditions féminines au XIXe siècle, le vote au XIXe siècle). Pour les chapitres plus chronologiques, les blocs sont figés mais les élèves ont le choix dans le type d’activité. De fait, le choix peut s’effectuer par rapport au niveau de difficulté de l’activité ou par rapport au support utilisé. Par exemple, pour un même sujet, les élèves peuvent avoir la même structure d’activité comme un tableau à compléter mais avec un support à choisir comme des planches de BD ou des extraits de films. A l’inverse, le support peut être le même pour tous les élèves mais c’est la structure de l’activité qui peut varier. Ils peuvent donc choisir entre un tableau ou une carte mentale.
Si les notions des différents chapitres sont imposées aux élèves dans le cadre du respect du programme, c’est bien eux qui ont la maîtrise de la manière dont ils vont l’aborder. Faire ce choix leur permet aussi de se responsabiliser. Il est intéressant de voir les élèves s’interroger sur leur choix. Certains sont en confiance et s’engagent, sans peser le pour et le contre, dans un parcours difficile. D’autres demandent davantage d’explicitations sur la différence entre les deux choix pour être sûr de s’engager dans une voie où ils pourront être en réussite.
Les élèves savent que les parcours difficiles sont valorisés par des points bonus, ce qui favorise, une fois de plus, leur motivation face à la tâche à accomplir.
Un autre choix pour les élèves lors de leur plan de travail est de travailler seul ou en groupe. Lors d’une même séance, l’élève peut décider de commencer à travailler avec un camarade puis de poursuivre seul, ou inversement. On constate que des élèves arrivent à se réguler. Des élèves ont donc témoigné de leur volonté de travailler seul car, en groupe, ils trouvaient qu’ils avançaient moins vite et moins bien. D’autres ont besoin d’échanger avec les autres et d’être porter par l’émulation de leur groupe pour avancer.

Un outil de différenciation

Dans le plan de travail individuel, le professeur intègre une partie d’activités facultatives que les élèves peuvent investir si ils veulent aller plus loin dans les connaissances liées au chapitre. Cela peut s’agir de recherches libres, de jeux sérieux, de capsules vidéos à commenter, de fiches de révisions. Une liste de livres disponibles au CDI est constituée et mise à disposition des élèves à chaque nouveau chapitre, à partir de laquelle ils peuvent emprunter un livre et en faire une fiche de lecture. Cette démarche de l’élève est également valorisée dans ClassDojo. Ces options facultatives sont un levier de la différenciation choisie. L’élève qui veut aller plus loin que le chapitre peut utiliser les supports qui sont mis à sa portée.

La différenciation se joue également lorsque l’on propose des niveaux de difficulté différents pour une même activité. Les niveaux de difficulté sont toujours explicités par le professeur et les raisons du niveau également.

Voici un tutoriel pour comprendre tous les points d’accès sur le plan de travail numérique.

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Un changement de posture qui permet la coopération

Le plan de travail permet aux élèves de changer de posture. Lors des activités, ils peuvent changer de place, se servir avec le matériel dont ils ont besoin (tablettes, dictionnaires, manuels ou autres), aller voir le professeur. Cette méthode permet à ce dernier d’être davantage disponible pour les élèves qui en ont besoin. L’échange avec le professeur devient alors individualisé. Le professeur n’est plus nécessairement en face mais à côté de l’élève.
La coopération permise par le plan de travail poussent des élèves à encourager les autres à envisager de prendre les parcours les plus difficiles pour essayer de se dépasser. On constate de nombreux échanges entre les élèves qui permettent sans doute de les faire progresser.
Nous constatons également que lors des temps collectifs où le professeur reprend la main, l’ensemble des élèves semblent être plus à l’écoute. Si ces temps permettent au professeur d’enseigner la même information à tous les élèves au même moment, ils permettent aussi d’identifier ce qui a été compris ou non par les élèves lors de leur travail en autonomie. Ce travail de vérification se fait plus concrètement par des évaluations formatives à l’aide de l’outil Plikers notamment. Enfin, ces temps collectifs ne sont pas des corrections d’activités comme il l’a été précisé précédemment. C’est plutôt l’occasion de faire une synthèse des connaissances acquises par les élèves lors de l’activité et d’apporter de nouveaux apports scientifiques aux élèves, à l’image d’un cours magistral qui se veut dense, dynamique et synthétique. On constate d’ailleurs que les élèves se montrent plus attentifs.
Il est également question d’un changement de posture pour le professeur qui doit apprendre à rester « le chef d’orchestre » tout en laissant les élèves suivre leur partition de manière autonome. Cette méthode permet alors au professeur de faire travailler les élèves des compétences sociales au quotidien. Les élèves peuvent être régulièrement consultés pour connaître leur avis et les points à améliorer sur le plan de travail. Cela leur permet une fois de plus d’être acteur de la méthode, co-construite avec l’enseignant.

Les outils qui permettent la mise en place du plan de travail

Les outils sur lesquels le professeur et les élèves s’appuient pour mettre en place le plan de travail sont variés.
Cela commence par le plan de travail collectif destiné au professeur qui lui permet de suivre l’avancement de chaque élève. Dans l’idéal, il est affiché dans la classe et à disposition des élèves pour qu’ils viennent eux-mêmes le cocher. Cette étape participe à la mise en autonomie de l’élève. Mais le plus souvent, c’est le professeur qui le complète en début, milieu ou fin de séance.
Le professeur peut s’appuyer sur des outils numériques pour un déroulement optimal du plan de travail. Pour rythmer les différents temps de la séance, on peut utiliser ClassRoomScreen qui permet d’avoir accès à un Timer visible par les élèves. Il permet également d’utiliser un baromètre sonore pour réguler le bruit de travail. Pour valoriser les attitudes positives des élèves, comme par exemple des prises d’initiative, un comportement bienveillant envers un camarade qui a besoin de l’aide d’un pair, ou encore une participation active lors des temps collectifs, on peut s’appuyer sur ClassDojo qui permet grâce aux points bonus, de notifier à l’élève que l’on a identifié son attitude positive. Cette plateforme permet aussi de mettre des malus aux élèves. En réalité, on ne s’en sert que peu souvent car le fait de mettre un bonus à un élève semble réguler le reste de la classe. Il faut préciser que la rapidité de réalisation des tâches n’est pas valorisée.

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Les élèves peuvent s’appuyer sur leur manuel scolaire mais aussi sur des supports numériques qui sont disponibles dans le classeur pédagogique de l’ENT du collège. Dans ce classeur, les élèves trouvent donc les documents supports à la réalisation de leur activité, ils y trouvent également un cahier en ligne avec les résumés des cours, des cartes, des graphiques, des documents iconographies qui illustrent le chapitre. Enfin, nous proposons des exercices de révisions à faire en ligne. Les élèves ont également à leur disposition un classeur composé de « fiches méthodes » qu’ils peuvent consulter en fonction de l’activité à réaliser (exemple : analyser un graphique ; faire un développement construit) ainsi que sur un mur de consignes pour expliciter au mieux les verbes de consignes (situer, localiser, argumenter…). Pour mesurer leur progression, les élèves ont accès à un tableau de compétences collectif que l’on peut accrocher dans la classe et qui est complété par le professeur au fur et à mesure des évaluations. Cet outil permet l’explicitation de la progression de l’élève.
Lors du cours, les élèves ont à disposition des tablettes, des casques et des multijacks quand le support d’activité l’exige. Avec l’autorisation du professeur, les élèves qui possèdent des smartphones peuvent les utiliser pour consulter les ressources.
Pour faciliter les changements d’occupation de l’espace durant la séance, les élèves utilisent du mobilier à roulettes.

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Évaluer les effets du plan de travail

L’évaluation factuelle de l’efficacité du plan de travail n’est pas encore aboutie tant elle est difficile à quantifier. Cependant, on constate au fur et à mesure de l’année scolaire, l’acquisition d’une plus grande autonomie de travail lors des séances de certains élèves ainsi qu’une motivation et une écoute plus importante.

Perspectives

Si cette expérience est menée depuis maintenant cinq ans au sein de notre établissement, nous remettons régulièrement notre méthode en question pour la rendre la plus optimale possible. Il en émerge donc certaines réflexions pour la suite de notre travail. En voici quelques exemples.
L’espace des classes de l’ENT a été longtemps investi par le professeur pour déposer des ressources ainsi que les corrections. Après plusieurs années d’utilisation, le constat est que les élèves ont plusieurs entrées pour avoir accès à ce dont ils ont besoin et que cela ne leur facilite pas la tâche. Il a été proposé d’utiliser la seule entrée du classeur sur lequel le plan de travail individuel est déposé en version numérique avec les ressources et les corrections. Un des premiers constats de ce changement est que les élèves, notamment les 6e ont plus de facilité à trouver les ressources.

Pour un des professeurs, il a été envisagé pour une année scolaire d’utiliser uniquement un lutin à la place du cahier. L’idée était de donner un livret avec le plan de travail individuel et toutes les structures d’activité à compléter avec des cases pour les trace-écrites. A la fin de l’expérience, il a été décidé d’utiliser de nouveau un cahier. Les cases délimitées par le professeur bridaient l’écrit des élèves, ils manquaient régulièrement de place.

Au début de la mise en place du plan de travail, des tétra-aides étaient proposés aux élèves. Si les élèves de 6e et de 5e l’investissent suffisamment, les élèves de 4e et 3e ont tendance à le délaisser. De plus, le professeur a tendance à aller voir les élèves même lorsqu’ils ne demandent pas d’aide.

On peut envisager une utilisation plus optimale du logiciel ClassDojo en incluant les parents qui peuvent recevoir des notifications concernant leur enfant.

Dans un contexte d’enseignement à distance, le plan de travail peut être un outil qui facilite l’acquisition de compétences et de connaissances seulement si les élèves sont coutumiers de cette méthode. A savoir, que cet outil ne peut se substituer aux apports scientifiques de l’enseignant qui sont essentiels à la structure du cours et donnent sens à l’utilisation du plan de travail.

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