Réaliser une storymap sur le commerce triangulaire en LCE


Ce projet, mené en enseignement de LCE (anglais, 4e), peut tout autant être réalisé dans le cadre du chapitre de 4e « Bourgeoisies marchandes, négoce international et traites négrières ».

Le projet

La « storymap » est un outil de narration cartographique multimédia, qui permet de construire un récit mêlant une dimension de temporalité et une dimension géographique. En ce sens, elle se prête particulièrement bien à un travail sur le trajet d’un navire négrier au XVIIIe siècle.
Sur le principe, l’intérêt et les limites de ce type d’outils, vous pouvez consulter l’article très documenté et régulièrement mis à jour proposé par le site Cartographie(s) numérique(s).

Le projet a également pour objectif de confronter les élèves à l’utilisation de sources primaires, disponibles en ligne sur le site Slave Voyages et interrogeable par mot-clés (dates, port de départ, nombre d’esclaves, lieu de vente...). Ce site est le fruit d’un impressionnant travail de collecte et de traitement des données relatives au commerce atlantique d’esclaves entre 1514 et 1866. Plus de 36000 expéditions sont ainsi documentées, correspondant d’après les estimations à environ 2/3 des voyages effectués.
Cette base de donnée, ainsi que de nombreux documents annexes (images, cartes, liste des sources...) sont le fruit d’un travail collaboratif d’universités européennes, africaines et américaines, orchestré par le « Emory Center for Digital Scholarship » de l’Université d’Atlanta, et soutenu par le programme gouvernemental américain « National Endowment for the Humanities ».

L’activité

Dans le cadre de ce projet, les élèves, en binôme, se sont vus attribuer un voyage préalablement sélectionné par le professeur. Cette solution permet de les faire travailler avec un jeu de données complètes, ce qui n’est pas le cas de tous les voyages référencés.
Dans le classeur pédagogique de l’ENT, les élèves ont eu accès à leur numéro de voyage et au lien vers la base de données.

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En faisant une recherche par l’identifiant, ils ont découvert une fiche de ce type :

Ils devaient ensuite compléter une fiche papier reprenant les principales données nous intéressant ici pour construire la storymap.

Dans un 2e temps, les élèves ont eu à compléter une carte papier reprenant uniquement les données les plus importantes, et localisant précisément les lieux évoqués. Dans le cadre d’un travail réalisé en français cette étape pourrait probablement être supprimée, mais ici la difficulté liée à l’utilisation d’une langue étrangère nous a paru nécessiter cette rapide mise sur papier, afin de vérifier que les termes étaient compris.

Une fois ce travail validé, les élèves ont commencé à réaliser leur storymap, avec l’outil StorymapJS. [1]
Cet outil a l’avantage d’être relativement simple d’utilisation, mais présente l’inconvénient majeur de nécessiter un compte Google pour l’utiliser. Afin de limiter les soucis liés au traitement des données personnelles des élèves, et d’être en conformité avec le RGPD, le compte Google de l’établissement [2] a été utilisé. Le professeur a créé la carte vierge de chaque binôme, et a ensuite lui-même connecté chaque ordinateur à StorymapJS.

Le principe de la storymap est d’utiliser la géolocalisation pour placer précisément les étapes du trajet. La limite étant qu’en faisant cela, on utilise une carte actuelle (par exemple OpenStreetMap), donc forcément anachronique.
Le choix a donc été fait d’insérer une carte du XVIIIe siècle comme une simple image, sur le modèle de ce qui peut se faire pour ce type d’analyse de tableau, qui « détourne » en quelque sorte la storymap en lui ôtant sa dimension géographique. Nous entrons ici dans la dimension la plus complexe du projet, qui peut aisément être évitée, en se contentant d’utiliser un fond de carte proposé si l’anachronisme ne paraît pas rédhibitoire.

La carte utilisée a été trouvée sur le site de la New York Public Library [3], qui a mis en ligne plusieurs centaines de milliers de documents numérisés libres de droit.
La volonté de pouvoir naviguer sur une carte d’époque implique d’avoir une image en haute définition, et de lui faire subir une traitement pour la rendre « zoomable » sans perte de qualité. La carte téléchargée a donc été transformée en image « Gigapixel », en suivant le tutoriel présenté ici (en anglais). N’ayant pas accès à Photoshop, nous avons utilisé la version gratuite de Zoomify, très simple d’utilisation.
Le dossier obtenu a ensuite été hébergé sur un serveur en utilisant le service GitHub. Le lien obtenu a été renseigné dans les Options de la storymap. [4]

Après avoir présenté le navire sur la page de titre, chaque binôme a renseigné les étapes du trajet. Il fallait décrire l’étape en quelques mots, et illustrer avec une image libre de droit correctement référencée. Pour faciliter ce travail, une sélection d’images et de liens avait été déposée sur l’ENT par le professeur.

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Quel bilan ?

La réalisation de ces storymaps s’est échelonnée sur 3 heures, en salle informatique.
Outre la compétence linguistique, plusieurs compétences ont pu être travaillées et évaluées dans le cadre de ce projet :

  • Réaliser une tâche commune
  • Extraire des informations d’un document
  • Utiliser ses connaissances pour expliciter le document
  • Réaliser une production numérique
  • Nommer et localiser les grands repères géographiques

Une fois corrigées, certaines de ces storymaps ont été mises en ligne sur l’ENT du collège.

Exemple de production

Si les travaux réalisés peuvent sembler modestes, plusieurs éléments méritent d’être soulignés, et sans doute inciter à recommencer ce type d’activité, en en modifiant certains aspects.
Tout d’abord, l’usage exclusif de l’anglais pendant les séances et dans les documents de consigne peut expliquer la relative brièveté des productions pour ce qui est du contenu.
La réalisation d’un même projet en cours d’histoire « traditionnel » permettrait probablement d’avoir des attendus en matière de connaissances et d’analyses plus ambitieux.
Ensuite il est important de bien réfléchir à ce que l’on souhaite faire travailler aux élèves, afin de ne pas mobiliser leur temps d’activité à autre chose. C’est la raison pour laquelle une sélection préalable des documents iconographiques avait été mise à leur disposition, l’objectif ici n’étant pas de les faire chercher eux-même ces images en respectant le droit d’auteur. On peut imaginer qu’avec un autre niveau de classe, ou lors d’une 2e expérience plus tard dans l’année, cela pourrait être différent.
Enfin la question du temps mérite d’être soulevée : un même travail en langue française aurait très probablement été possible en 2 heures ; le professeurs pouvant, lors de la 3e heure, vidéoprojeter et commenter un travail corrigé pour aboutir à une trace écrite, sous forme de tableau, de schéma heuristique ou de carte.

A noter que cet outil peut par ailleurs être utilisé par le professeur pour réaliser lui-même des documents consultables par les élèves comme source d’un travail en salle info, sur tablette, en classe ou à la maison, en remplacement d’un dossier documentaire plus traditionnel. Vous trouverez de nombreux exemples dans l’article de Cartographie(s) numérique(s) déjà mentionné.